en savoir plus... | ||
|
Le corps migrant Qu’est-ce que le corps aujourd’hui? Ni intériorité, ni objet lisse, on le verrait plutôt comme lieu d’expérimentions multiples, de passage et de turbulences. Espace de la douleur, ou d’interrogations, de transformations hybrides, voyez ces objets transitionnels qui s’enchaînent à la souffrance mémorisée, de Patricia Groussin, ces tissus hétérogènes où s’effile la chair toujours en partance, de Véronique Lemoine-Haradji, où brûle la peau-autre, de Salma Mestiri, où se décline la « désidentité » à travers les masques de chair même, chez An Nguyen, où « s’endanse » le travestissement androgyne, pour Cyril Iasci, où s’écoule ce corps menacé, perdu, perclus, schizophrène, avec Chiraz Chouchene… Et que disent-ils ces corps en transfert, difformes, déchirés, plissés, désarticulés, cautérisés, sinon qu’ils glissent vers l’ailleurs ou « l’invu », l’interstice de l’irregardable, comme une transcendance du mal, pour s’élever, célestes, en des zones étranges, noires, d’un espace si noir que nul ne le peut décrire, mais qu’il faut saisir dans le repoussement même, sous le derme d’autres sensations, arrachantes, perforantes, de cette plaie à vif qui mine nos certitudes de beauté, de conformité. Corps nietzschéen pour s’affirmer à mourir toujours déjà dans sa filiation, et rendu à sa propre mesure, à son imaginaire, à son imperfection, et que reculent en nous les frontières du caché, du non-dit, de l’irreprésentable, afin que s’esquissent d’autres devenirs. Michel Sicard. |
|
CNRS, PARIS INFO.COM, LA SORBONNE | ||