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les grilles

 
 

Série  « mes grilles » 2005

 

                                         

                                                                                                                                                      

Mon travail n’est pas itératif parce que je constitue des séries mais parce qu’il s’appuie toujours sur les mêmes rites basés sur une ordonnance d’actions et de gestes, une récurrence dans l’action, le geste et l’itinérance du fragment. Chaque morceau créé est en attente d’une intégration et manipulé dans tous les sens avant de trouver une place. Dans ce jeu, cette danse du fragment, son va et vient, s’instaure une réitération de l’œuvre qui demeure en perpétuelle instabilité et changement.

L’acte de répétition suppose diverses confrontations la notion du même et de l’autre, une mimesis, un simulacre, une différence. Même si ma volonté est de répéter le même dans le geste, la découpe, la teinture, la couleur, l’autre apparaît fatalement, mais finalement mon plaisir est dans la répétition de l’autre et de me servir de cette différence.

Le travail de xylographie m’emmène dans un rapport dialectique entre contact et distance un rapport ou gît la notion d’inframince. L’empreinte dédouble, elle crée un doublement, une duplicité, une symétrie dans la représentation, phénoménologie de l’inframince, celle de l’affleurement à fleur en essayant de mettre une surface plane à fleur d’une autre surface.

C’est aussi d’une rencontre que naissent mes transparences, d’accolement de surfaces, de trames. J’explore les limites de la transparence, entre dévoilement et intimité.

Les  tissus et trames de mes gazes ou grilles m’ont permis de faire jouer la lumière, ils ne donnent pas une parfaite transparence mais une oscillation entre opacité et transparence suivant l’irrégularité des mailles et offrent une nouvelle écriture, un réseau de lignes.

La lumière n’a de cesse  de traverser les choses. Leur transparence aussi parfaite soit-elle nous donne à lire l’ombre de ce que l’objet ou l’être s’est imposé comme écran au passage de cette lumière. Je cherche la lumière et les heures qui vont m’offrir une infinité d’ombres portées.

Les effets de la lumière sur le brillant d’une feuille en plastique et l’expérience de la matité des gazes ont révélé des réflexions et réfractions différentes suivant l’angle lumineux et le moment de la journée. Une vision où tout est transparent, signe d’une volonté d’aller voir à l’intérieur des choses ce que la lumière nous dévoile, notre regard cherche à voir au travers, au-delà mais jusqu’à quelle limite et pour s’apercevoir que ce sont aussi ces voiles, ces matières, ces corps obstacles qui sont à voir pour eux–mêmes. 

C’est dans une esthétique de la discontinuité que je vais entrer dans un antagonisme permanent pour questionner le fragment en relation au tout. Ce dernier grâce à sa singularité garde son autonomie. Même raccroché au tout, il est lié à l’autre par la couture ou l’interstice, ce lien est aussi frontière et ces lignes deviennent à leur tour signe et vide dans l’unité.