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Pierres écrites |
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De tous temps on a recherché non seulement les pierres curieuses celles qui attirent l’attention par quelques anomalies de leur forme ou quelques bizarreries significatives de dessin ou de couleur. Presque toujours il s’agit d’une ressemblance inattendue improbable et pourtant naturelle qui provoque la fascination. Roger Caillois1
Les pierres ne sont pas des masses inertes, elles sont vivantes en ce qu’elles nous renvoient en pleine face leur faille coupante, leur piqueture ou leur marbrure, leur protubérance grenue ou leur béance lisse. Polies ou brutes, douces ou rugueuses autant de caractères et d’expressions les animent et les humanisent. Qu’elles soient seules ou rattachées à un groupe, libres ou asservies, au fil de la marche elles me livrent leur secret2. J’écoute et je lis leur histoire, et de cette première lecture, j’écris la mienne. Les signes dispersés qui composent l’écriture des pierres invitent l’esprit à en chercher d’autres qui les répercutent entre invention et savoir. Roger Caillois Je m’arrime dans un de leur creux et de ce point d’ancrage j’inonde de mon geste une matière d’encre qui les ornent, les habillent et les protègent dans un mouvement allant de la défiguration vers une re-figuration d’objets symboliques. Une rencontre émerge, celle de l’écriture de la matière et la matière de l’écriture. A l’origine la matière sensorielle, le grain de la pierre fond et objet intentionnel de l’image, n’est plus représentation mais donation de matière dans sa sensorialité. Aussi lors de cette collision, l’image nous offre un feuilletage de significations et d’effets, une mémoire, où les strates se fondent, se confondent en s’impressionnant l’une dans l’autre pour ne faire qu’une. Le lecteur fait lui même sa mise au point pour en opérer la synthèse ou laisser le fond remonter à la surface entre l’essence et l’apparence. Véronique Haradji
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